vendredi 25 septembre 2015

Montparnasse au temps des Années Folles


Montparnasse au temps des Années Folles

Le nom de ce quartier a été donné par les étudiants qui venaient déclamer des vers sur la butte formée par des remblais au 15ème siècle, en référence au mont Parnasse, résidence des Muses de la mythologie grecque. La colline a été rasée pour tracer le boulevard du Montparnasse au XVIIIème siècle, lieu de promenade de la ville.
Dès la Révolution Française, de nombreuses salles de danse et cabarets s'y installent, dont le célèbre bal Bullier.
L’exposition universelle de 1889 et la vie artistique déjà si riche de Montmartre, attirent de nombreux artistes. Montmartre est alors le cœur de la vie intellectuelle et artistique à Paris, avec ses cafés qui entreront dans l'histoire de l'art. Devenu " tape à l’œil ", il est déserté par les artistes qui lui préfèrent les loyers modérés de Montparnasse et vont choisir ce quartier populaire plus au centre de Paris. Pablo Picasso y aménage parmi les premiers.
Montparnasse va connaître son apogée dans les années 1920, les Années folles. A cette époque, de nombreux artistes de pays très divers sont attirés par le rayonnement intact de Paris. Certains se réfugient dans la “Ruche”, passage Dantzig, qui offre des ateliers aux prix raisonnables. Les artistes du monde entier se croisent dans cette impasse, Chagall, Léger, Zadkine, Soutine. Rue Campagne Première s’installent Man Ray, Rilke, Foujita, Aragon.  
Ces artistes, qu’on appelle Les Montparnos vont rapidement attirer des commanditaires, pas uniquement français, à la recherche de talents nouveaux. Dans cette communauté mondialisée qui formera l'Ecole de Paris, la créativité était accueillie comme la promesse d'un renouvellement artistique. Quand Tsuguharu Foujita débarque du Japon  en 1913, ne connaissant personne, il rencontre Soutine venu de Lituanie, Modigliani et Fernand Léger pratiquement la même nuit, et en quelques semaines devient ami avec Juan Gris, Picasso et Henri Matisse.
Venus rencontrer cette communauté artistique qui mène une existence de saltimbanques et qui a de grosses difficultés à gagner sa vie, des amateurs d'art fortunes, surtout venus des Etats-Unis , comme Gertrude Stein, Peggy Guggenheim, Edith Wharton deviennent leurs mécènes.
Les cafés, bars et bistrots, notamment ceux du carrefour Vavin,  sont des lieux de rencontre où les artistes viennent à la fois échanger avec d’autres artistes et négocier. Les cafés comme le Dôme, la Closerie des Lilas, la Rotonde, le Select et la Coupole , ainsi que le Boeuf sur le toit  (toujours ouverts) acceptent que des artistes affamés occupent une table pour toute la soirée pour un prix dérisoire. S'ils s'endorment, les serveurs ont pour instruction de ne pas les déranger. Les disputes sont courantes, certaines nées de polémiques, d'autres de l'alcool, et la coutume veut que même lorsque l'affrontement tourne aux coups, la police n'est pas appelée. Si les artistes ne pouvent payer leur facture, le propriétaire de La Rotonde, Victor Libion , accepte souvent un croquis. Aussi les murs des cafés sont couverts d'une collection d'œuvres d'art.
La vie nocturne est également passée dans la légende, comme les nuits chaudes du Bar Dingo au 10 rue Delambre. Parmi ceux qui faisaient Montparnasse by night, on peut aussi signaler les écrivains Ernest Hemingway et Francis Scott Fitzgerald. 



L’Académie de la Grande Chaumière

À ses tous débuts, lorsque l'Académie avait ses locaux Quai des Orfèvres, Delacroix, Manet, Picasso et Cézanne ont participé à sa création.  Reste aussi le souvenir d’autres peintres qui ont marqué l’histoire de la peinture : Gauguin, Modigliani, André Lhote séjournent dans la maison mitoyenne de l’atelier où ils pratiquent leur art : modèle vivant, nu, croquis, fusain, dessin, peinture à l'huile…                                                                
L'Académie de la Grande Chaumière est la seule institution qui, au début
 du siècle, a ouvert la voie à l'Art Indépendant, laissant s'exprimer toutes les formes ou techniques.

Kiki de Montparnasse

Née Alice Ernestine Prin en 1901 elle était surnommée « la Reine de Montparnasse ».
Elle est devenue le modèle, la muse et parfois l’amante d’artistes célèbres.
En 1917,  elle est bonne à tout faire chez une boulangère. Pour gagner de quoi vivre, elle pose nue pour un sculpteur. Elle fréquente la brasseri La Rotonde, mais au bar seulement. Pour avoir le droit de s’asseoir dans la salle, une femme doit porter un chapeau.
Elle pose bientôt pour Modigliani et Foujita, adopte la coiffure à la garçonne et le pseudonyme de Kiki.
En 1929, elle publie un livre de souvenirs, préfacé par Hemingway, interdit aux Etats-Unis pour cause de propos jugés “scabreux”. Elle tombe dans la drogue et l’alcool, ouvre un cabaret à St Tropez, et meurt prématurément à 52 ans en 1953.



Kiki


Kiki photographiée par Man Ray




Modigliani, Picasso et le critique d'art André Salomon



Films évoqués durant notre conversation à la Closerie des Lilas :

Les Amants de Montparnasse de Jacques Becker avec Gérard Philipe et Anouk Aimée
A bout de souffle de Jean-Luc Godard avec Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg
Un Homme et une Femme de Claude Lelouch avec Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant

Livres
Souvenirs retrouvés de Kiki de Montparnasse
Le temps d'un soupir d'Anne Philipe

vendredi 11 septembre 2015

Montmartre et ses artistes

Annexé à Paris en 1860, Montmartre a été le berceau de la Commune en 1870-1871 : les canons de la ville y étaient dressés. Mais ce sont les artistes qui vont faire la renommée internationale du quartier. En raison de la lumière apportée par les hauteurs de la butte, mais surtout du faible coût des loyers, Montmartre devient le repère de peintres encore inconnus, souvent d’origine étrangère,  âgés d’une vingtaine d’années, sans argent, dont les noms vont bientôt révolutionner l’histoire de l’Art : Corot, Géricault, Renoir, Degas, Cézanne, Max Jacob, Apollinaire, Juan Gris, Vlaminck, Braque, Modigliani, Van Dongen, Picasso s’y retrouvent. Montmartre devenu à la mode, les loyers augmentant, les artistes élisent ensuite un nouveau quartier, plus populaire et moins cher : Montparnasse.  

Histoire

La colline sur laquelle est bâtie Montmartre est le point culminant de Paris (130 m). Montmartre était autrefois un village hors de Paris. Son nom a sans doute pour origine « Mons Martis » (le mont de Mars), car la butte était l'emplacement d'un temple dédié à Mars, dieu de la guerre, sous la période romaine. Un second temple, dédié à Mercure, s'y trouvait également. On a depuis évoqué une seconde possible origine étymologique : le mont du martyre, car c’était un lieu de passage important de saint Denis, premier évêque de Paris, qui aurait survécu à son exécution.                                                                                À la formation des communes et des départements en 1790, Montmartre est une commune de la Seine. Elle est ensuite annexée à Paris en 1860 et  intégrée au 18e arrondissement.  Juste avant la Révolution, en 1785, on construit le mur des Fermiers Généraux, c’est à dire une enceinte tout autour de Paris, pour forcer le paiement d’un impôt à la Ferme générale des droits, sur les boissons et marchandises entrant dans Paris. C’est ainsi que le bas de Montmartre, devient à la fin du 18ème siècle une zone consacrée aux plaisirs. Il abrite dans les années 1880, outre de nombreux cabarets, Le Chat Noir, le Moulin Rouge,  une population très mêlée et parfois dangereuse. On y croise de nombreuses prostituées avec leurs souteneurs, et des marginaux de toutes sortes.  Le haut de Montmartre (la Butte), en revanche, ressemble jusqu'en 1914 à un village, fameux pour son air pur, ses moulins et ses logements à bas prix, qui attirent les artistes, nombreux à venir s'y installer.   

                     

La Commune

À Paris, à la fin du 19ème siècle,  la mixité sociale dans les quartiers, de règle depuis le Moyen Âge, a presque disparue avec les transformations urbanistiques du Second Empire. Les quartiers de l’ouest (VIIe, VIIIe, XVIe et XVIIe arrondissements) concentrent les plus riches des Parisiens (avec leur domesticité). Les quartiers centraux conservent encore des personnes aisées. Mais les classes populaires ont été regroupées à l’Est (XIe, XIIe, XIIIe, Xe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements). Les ouvriers sont très nombreux : 442 000 sur 1,8 million d’habitants selon le recensement de 1866. S’y ajoutent de très nombreux artisans (près de 70 000) et de très petits commerçants dont la situation sociale est assez proche de celle des ouvriers. Ces classes populaires ont commencé à s’organiser. Le droit de grève qui a été accordé en 1864, a été très utilisé dans les dernières années du Second Empire. À l’occasion d’élections législatives de février 1864, des ouvriers publient le manifeste des Soixante, qui réclame la liberté du travail, l’accès au crédit et la solidarité. En 1871, après la guerre qui oppose la France à la Prusse, les Parisiens sont méfiants envers l’assemblée nouvellement élue, où les deux-tiers des députés sont des monarchistes ou des bonapartistes. Quand le gouvernement -et son chef, Adolphe Thiers- le 17 mars 1871, décide de désarmer les Parisiens, et de retirer les 227 canons entreposés à Belleville et à Montmartre, ceux-ci se sentent directement menacés. Le 18 mars, à Montmartre, au matin, le peuple parisien s’oppose à la troupe venue chercher les canons, puis, rapidement, celle-ci fraternise avec lui. Pendant deux mois, jusqu’au 21 mai, les insurgés vont régner dans Paris. Ce 21 mai, l’armée envahit la capitale et prend par surprise les rebelles. Commence alors une "semaine sanglante", au cours de laquelle les Parisiens sont massacrés, les monuments brûlés et la capitale bombardée. Le bilan s’élève à 30 000 morts.


La place des Abbesses

Son nom provient des bénédictines qui s'installèrent autour du Sanctum Martyrium. Elle comporte l’entrée du métro style art nouveau d’Hector Guimard. Remarquable également une fontaine Wallace. Les fontaines Wallace portent le nom de leur donateur, Sir Richard Wallace (1818-1890). Né à Londres, il passe une grande partie de sa vie à Paris. Héritier d’une grande fortune, il fait don à la ville de 50 fontaines à boire après avoir vu les Parisiens subir une pénurie d’eau durant le siège de Paris et la Commune en 1871.  La première fontaine Wallace est posée en 1872 sur le boulevard de la Villette. Pourvues de gobelets en étain, ces fontaines ont eu beaucoup de succès auprès des Parisiens, qui veulent goûter l’eau de « la brasserie des quatre femmes ». Succès tel que Paris décide d’en commander une trentaine de plus.

Les Cités d’artistes 

Elles ont toujours joué un rôle majeur dans l’histoire de l’Art : elles font leur apparition à Montmartre à la fin du 19e et début du 20e siècles. La plus célèbre d’entre elles est connue sous le nom de Bateau-Lavoir. Cette maison en bois, était sans doute nommée ironiquement, car elle avait un seul et unique  point d’eau. Refuge mal chauffé,  c’était une fabrique de pianos, dans laquelle on avait construit à la va vite des ateliers improvisés. Le Bateau-Lavoir a joué un rôle majeur dans l’histoire de l’Art Moderne et et a été surnommé plus tard par l’écrivain Max Jacob « Le laboratoire central de la peinture ». Les artistes qui occupaient cet ensemble d’ateliers étaient souvent d’origine étrangère, âgés d’une vingtaine d’années, désargentés. Parmi eux, Apollinaire, Max Jacob, Mac Orlan, Modigliani, Van Dongen, Juan Gris, sans oublier Picasso qui a peint ici en 1907 « Les Demoiselles d’Avignon ». Malgré la misère du lieu, glacial en hiver et torride en été, Picasso écrivit : « Je sais que l’on reviendra au Bateau-Lavoir. C’est là que nous avons été vraiment heureux, nous étions considérés comme des peintres et non comme des bêtes curieuses. »
Classé monument historique par le ministre de la Culture André Malraux en 1969, le Bateau-Lavoir a été détruit par un incendie en 1970. Il a été reconstruit en béton en 1978 et aménagé en 25 ateliers occupés par des artistes qui y travaillent le jour sans y être logés.

La « Maison de Rosimond », datant du 17e siècle, a été habitée par des artistes qui ont tenu une place essentielle dans l’histoire de la peinture de la fin du 19e et du début du 20e siècle :  Pierre Auguste Renoir y a peint certains de ses tableaux les plus célèbres comme « le Bal du Moulin de la Galette », Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo, Raoul Dufy, et bien d’autres encore. 

La Place du Tertre

La Place du Tertre tire son nom de sa situation au sommet d’un tertre, terme désignant une petite colline à sommet plat. Elle correspond au centre de l'ancien village de Montmartre.
Avec ses nombreux artistes dressant leur chevalet chaque jour pour les touristes, la Place du Tertre est un rappel de l'époque où Montmartre était le lieu de l'art moderne : On y trouve la première mairie de Montmartre, installée en 1790 au domicile du premier maire, Félix Desportes. 


Le Moulin de la Galette 

Il y avait autrefois 14 moulins  sur la Butte de Montmartre qui servaient à moudre le blé et les fleurs, mais aussi presser les vendanges. Seuls deux subsistent encore aujourd’hui : le Blute-fin et le Radet, datant de 1717. Ces deux moulins formaient le célèbre ensemble du « Moulin de la Galette ».
La galette était un petit pain de seigle que les meuniers Debray, propriétaires du lieu, vendaient accompagné d’un verre de lait. Après la défense de la Butte contre les Prussiens en 1814, la famille Debray se retrouve ruinée. Les Debray transforment le lait en vin de muscat, et le Moulin de la Galette en bal populaire dans les années 1860. L’ambiance y est décontractée et la clientèle plus populaire que dans les autres établissements.
Renoir y peint le célèbre tableau du « Bal du Moulin de la Galette » (actuellement au musée d’Orsay), Van Gogh « Les jardins de la Butte-Montmartre ». Utrillo, Dufy, Bernard, Toulouse-Lautrec et Picasso ont aussi immortalisé ce célèbre Moulin, où ils trouvaient des modèles non professionnels. Le Tout Paris vient s’amuser et admirer les revues de La Goulue, Nini Patte en l’air et Nid d’Egoût , les danseuses de « French Cancan » dont les noms étaient alors célèbres.

Renoir

Van Dongen

Van Gogh

Utrillo

Le Lapin Agile 

C'est dans la partie haute de Montmartre qu'est construit en 1795 le bâtiment de ce qui abritera le Lapin Agile, qui devient, aux alentours de 1860, une auberge baptisée Au Rendez-vous des voleurs.
À partir de 1869, il prend le nom de Cabaret des Assassins, parce que sont accrochées au mur des gravures représentant des assassins célèbres, parmi lesquels Ravaillac.
Au début du 19ème siècle, le cabaret va devenir un lieu incontournable de la bohème artistique montmartroise.



Robert Doisneau











mercredi 2 septembre 2015

MONTMARTRE


http://www.histoiredumonde.net/-Commune-de-Paris-1871-.html
http://www.montmartre-guide.com/histoires_montmartre/les-cites-d-artistes-a-montmartre/http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=359http://www.montmartre-guide.com/histoires_montmartre/la-place-du-tertre/
http://www.au-lapin-agile.com/histo.htm


Plan de la visite

Départ de la Place Pigalle
Place des Abbesses : métro d'Hector Guimard et fontaine Wallace
Théâtre de l'Atelier : inauguré en 1822, belle architecture
Square Louise Michel : départ en ballon de Gambetta durant la Commune
Place du Tertre : centre de l'ancien village de Monmartre
Rue Cortot : "Maison de Rosimond", cité d'artistes où vécurent Renoir, Valadon, Utrillo
Le Lapin Agile : cabaret, lieu de rencontre de la bohème artistique
Le Bateau Lavoir : anciens ateliers des futurs grands peintres du 20ème siècle, Picasso, Modigliani, Van Dongen, Juan Gris

  






Premier parcours:  Montmartre